Aux bien-aimés que chagrin a emportés,
A ceux qu’aucun secours n’est venu prêter concours,
Qui en de lointains lieux ont échoué,
Ceux que toute vie a abandonnés,
Ne pourrions-nous point les revoir,
Aux abîmes les arracher de notre amour,
De notre pieuse estime les pourvoir,
Et pour eux fonder la plus belle des tours,
Un édifice mécène des suppliciés,
Protecteur des âmes meurtries,
Fort imprenable duquel sans fin contempler,
La douce mer vierge de toute perfidie,
Leur redonner vue pour admirer,
Ouïe pour entonner,
Se délecter en ce palais,
Et par le temps panser les plaies,
Pour sûr nos bien-aimés reviendront,
De leurs inextricables prisons s’échapperont,
Par la volonté de l’esprit reconquerront,
Ce qu’autrefois fit perdre la trahison.