Le pêcheur de sa lucarne contemple l’immensité,
Il scrute inquiet au loin l’imprévisible marée,
Celle du supplice des échappées,
Où les mers enfiévrées emportaient les marins vers leur ultime destinée,
Il leur avait survécu à ces êtres endiablés,
Dont les légendes avaient bercé les nuits agitées,
Ils avaient eu foi en leur bonne étoile,
Et vers le large dirigé leur voile,
Dans quelle contrée ces hommes avaient-t-ils échoué ?
Par quel mystère avaient-ils été emportés ?
Pensaient-ils ne jamais revenir ?
Où voulaient-ils fuir ?
Ignoraient-ils que nul rempart,
Ne secoure les cœurs dont le chagrin s’empare ?
Dans quelle folie leur esprit avait-il chaviré ?
Vers quelles profondeurs insondables avaient-t-ils dérivé ?
Quant à moi, douce marée ingénue,
J’attends le secours d’une force encore inconnue,
Qui au loin entend l’appel silencieux jamais ne tarir,
Je l’implore de venir me quérir,
M’emporter là où ne menace nul déluge,
Où les cœurs affligés trouvent refuge,
Où les sens parvenus au repos,
Confient les âmes flétries à la douceur des flots.