Cette nuit, une voix flottait dans l’air et vibrait en moi. Que disait-elle, que voulait-elle ? Elle voguait sur les flots, elle cherchait, elle appelait. La voix était tantôt chaude et vibrante, tantôt froide et sombre. Elle m’encourageait dans mes engagements ou me reprochait mes manquements. Pourquoi donc persistait-elle à me poursuivre de ses attentions, ne lui avais-je pas déjà signifié ma détermination ? Je lui en demandai la raison. La Voix me répondit, sa voix était claire et retentissait comme le son du cor.
— Ne me crains pas ainsi, me dit-elle, je ne suis ici que pour t’orienter quand tu perds la trace du sentier,
— Je sais bien que grand est votre cœur noble Voix mais pourquoi ai-je parfois le sentiment de n’être pas comprise de vous ?
— Parce qu’il me faut apprendre ta langue, en attendant, je ne peux t’aider qu’en étant écho. Quand je me suis assurée que tu sais, je peux me retirer,
— Je ne veux pas moi que vous partiez, je veux que vous restiez à mes côtés,
— La vie ne m’appartient pas, elle n’incombe qu’à toi seule. Mais quand tu douteras et que la peur t’envahira, je serai là pour toi,
— Noble Voix, que faire, comment agir quand tout semble étroit, et que mes yeux ne voient ?
— Au confluent de ton cœur et de ton esprit se trouvera la voie.
La voix s’évanouit. Je me demandai à cet instant quelle était sa nouvelle destination. Un homme, une femme, un enfant, un vieillard, un être doux, un coeur endurci, les aidait-elle tous sans distinction ? Ou n’accordait-elle son assistance qu’à quelques élus. Il me vint à l’idée que la Voix ne choisissait nullement ses amis mais ne visitait que ceux qui la réclamaient.
Je savais qu’elle viendrait de nouveau à moi, parce que j’avais besoin d’elle, que je l’aimais, qu’elle était … moi.