Le port de l’Amertume est-il notre seul horizon ?
Lorsqu’un court répit, le cours de toute chose a accordé,
Un piteux désaveu s’impose à notre réalité,
Un pas, une pensée, tout concourt à nous faire trébucher,
Nos chairs doivent-elles se consumer lorsque l’inerte, lui, est tant honoré,
Combien de maux devons-nous souffrir quand la source de tout mot commence à se tarir,
Que d’affronts essuyés, de larmes versées sur l’autel de la matérialité,
Nos corps ploient sous le joug de mille corvées, nos âmes s’abîment de tant d’âpreté,
Quand, Noble Bienfaiteur, de repos penses-tu nous gratifier,
Dans ces solitudes infinies sans relief et sans refrain,
Où ne plane que l’incertitude d’un récit sans fin,
D’une douleur sans trêve, d’un passé jamais achevé,
L’Innocence n’est-elle condamnée qu’à la faiblesse de son ignorance ?
La Vilénie ne connait-elle jamais la repentance ?
S’éveillera-t-elle un jour la conscience universelle ?
Celle qui, puissante, entendra nos appels,
Viens à nous Ultime Secours, étends ton sceptre d’un bout à l’autre des cieux,
Tiens pour méprisable qui opprime les malheureux,
Rétablis la justice en notre jardin, qu’en soit banni l’acte odieux,
Que toute honte soit ôtée à la pureté, que nous soit conservé à tous le merveilleux.