Chers vous,
Je vous écris pour vous exprimer tout mon trouble. Cela fait, ce jour, des années que notre amitié présente tous les traits de la loyauté, cependant, il y a peu, vous m’avez mystifiée et montré un visage dont j’ignore s’il est outrage ou mirage.
Vous qui étiez autrefois les plus fidèles messagers, vous avez rejoint les rangs de la traîtrise en entretenant la méprise. N’aviez-vous pas vocation à bâtir, pourquoi donc voulez-vous désormais traduire ? Nos yeux ne sont-ils pas déjà frappés de cécité pour que vous accabliez encore nos esprits de quelque absurdité ? Votre rôle n’était-il pas d’éclaircir autrement qu’avilir ? Je ne vous comprends plus. Sous l’empire de quelle tyrannie votre droiture a-t-elle été ensevelie ?
Je languis tant ceux qui étaient mes plus fidèles amis, qui d’instinct exprimaient ce que ne parvenait plus mon cœur embrumé. Peut-être vous en demandons-nous trop charmants compagnons ; qu’orphelins de nos volontés, et vides de nos vitalités, vous ne puissiez plus assumer votre rôle quand nous aurions nous-mêmes délaissé le nôtre.
Oui, voilà sans doute la raison de votre trahison !
Aussi, je ne vous voue point de rancune, mais trouve, sans vous, dans nos échanges tant de lacunes, sans vous nos vies perdent souffle et symphonie. Revenez donc, je vous prie, rythmer nos journées et adoucir nos nuits, renouez avec la justesse, refusez de la ruse les largesses, usez de patience plutôt que de complaisance. Pourrions-nous cheminer ensemble dans cette direction, mutuellement nous assister lorsque la lassitude prend le pas de l’habitude et que la magie peu à peu s’évanouit. Répondez de grâce.
Une Amie qui a besoin de vous.